Le médecin légiste a mené avec différents spécialistes une véritable enquête de police en utilisant des moyens classiques d'investigation et d'autres pour le moins originaux, comme des nez de grands parfumeurs (Guerlain et Jean Patou).

Ces derniers ont notamment décelé sur le morceau de côte une odeur de vanille. Or ce parfum peut être produit par la décomposition d'un corps, comme dans le cas d'une momification, pas par sa crémation, souligne Philippe Charlier : cela correspond à une momie, pas au corps de quelqu'un qui a subi une crémation.

Une analyse microscopique et chimique du fragment de côte a montré par ailleurs qu'il n'avait pas été brûlé, mais imprégné d'un "produit végétal et minéral" de couleur noire. Sa composition s'apparente plus à celle du bitume ou de la poix qu'à celle de résidus organiques d'origine humaine ou animale ayant été réduits à l'état de charbon par crémation, explique-t-il.

Le tissu de lin, quant à lui, a les caractéristiques de celui utilisé par les Egyptiens pour envelopper les momies.

D'autre part, concernant le pollen, le médecin note qu'il n'y avait pas de pins en Normandie à l'époque de la mort de Jeanne d'Arc. En revanche, de la résine de pin était utilisée en Egypte pour l'embaumement.

Enfin, une étude au carbone 14 a daté les restes entre le 6e et le 3e siècle avant notre ère, et un examen spectrométrique des os a montré qu'ils correspondaient aux momies égyptiennes de cette période. « Il s'agit donc des restes momifiés d'origine égyptienne datés de la Basse époque », affirme Philippe Charlier.

Mais comment expliquer que ces fragments se soient trouvés dans le bocal de Chinon, trouvé chez un apothicaire en 1867 et portant la mention : Restes trouvés / sous le bûcher de / Jeanne d'Arc / pucelle d'Orléans ?

Il existait à l'époque des cabinets d'amateurs dits +cabinets de curiosités+ comportant des momies égyptiennes, et la mummia était utilisée en pharmacopée médiévale depuis le XVe siècle.

Quant à la découverte fortuite du bocal en 1867, elle correspond à une époque où les historiens ont redécouvert Jeanne d'Arc et en ont fait un mythe.

Jeanne d'Arc, née en 1412, avait rassemblé des troupes pour combattre les occupants anglais et libérer Orléans, avant d'être capturée et condamnée au bûcher en 1431 pour hérésie, à l'âge de 19 ans. Elle a été canonisée en 1920 par l'église catholique.

Mais le diocèse de Tours a rappelé mercredi que les éléments contenus dans le bocal de Chinon n'avaient jamais fait l'objet d'une quelconque dévotion car ils n'étaient pas considérés comme des reliques par l'église.